Le musée de la cochenille

En quittant le superbe jardin de cactus de Guatiza (sur l'île de Lanzarote), je pris la direction de la petite ville de Mala, située tout près. Dans cette partie de l'île, on cultive les figuiers de barbarie (Opuntia ficus-indica). Raquettes, graines et fruits sont utilisés pour l'alimentation, la médecine et les cosmétiques. Intrigué, je décidai de m'arrêter au tout nouveau musée de la cochenille...

 

En tant que collectionneur de cactus, je suis plus habitué à entendre parler de la façon de se débarrasser de ces fameuses cochenilles, envahissantes et très résistantes au traitements chimiques. Ici, c'est l'inverse, elles sont les invitées et on les bichonne !

Le musée de cochenille rend hommage aux petites mains qui récoltent l'insecte depuis le dix-neuvième siècle sur l'île de Lanzarote. De plus, cet espace offre la possibilité d'acquérir des produits fabriqués avec ce précieux colorant. Des panneaux et brochures sont disponibles dans diverses langues, dont le français.

 

La cochenille carmin (Dactylopius coccus) permet d'obtenir un colorant naturel, l'acide carminique (appelé aussi E-120). Cet insecte, originaire du Mexique et des pays andins, s'accroche aux raquettes et se nourrit de la sève. Les femelles sont de forme circulaire, n'ont pas d'ailes et mesurent jusqu'à 6 mm de longueur; les mâles, eux, ressemblent à des mouches, sont ailés et deux fois plus petits. A l'âge adulte, les mâles fécondent les femelles puis meurent. Ces dernières survivent deux à trois semaines pour pondre 150 oeufs environ. Ce sont les femelles fécondées qui contiennent l'acice carminique. Elles sont ramassées après la ponte, séchées et stockées très longuement. Il faut environ 150000 insectes pour obtenir un kilogramme de cochenille séchée !

 

L'acide carminique est broyé puis mélangé avec de l'eau et chauffé à 60/70°C pendant 20 ou 30 minutes. Le produit est ensuite filtré pour éliminer les impuretés. Pour que la couleur soit bien fixée, elle est mélangée à du sulfate d'aluminium, de la crème de tartre ou du sulfate de fer. On peut y ajouter aussi du jus de citron, du vinaigre pour obtenir une plus grande variété de couleurs.

On retrouve aujourd'hui ce colorant dans l'industrie textile, mais surtout dans les produits alimentaires (chorizo, yaourts, boissons, confiseries...)

 

 

A la sortie de ce petit musée, vous trouverez de nombreux produits cosmétiques à acheter. ..

 

Eric K, août 2019